- Une archéologie forestière à part entière.
Les labours forestiers présentent un avantage indéniable : dans le cas d'un site archéologique relativement étendu (habitat ou nécropole), une partie seulement du niveau archéologique est détruite et ramenée en surface par le soc de la charrue. Le reste du niveau reste intact dans la mesure où les sillons des labours forestiers sont généralement bien espacés. Une fouille est possible après un repérage.
Sur ce cliché, pris dans la nécropole du Mouliot à Laglorieuse, on distingue le passage du labour entre l'urne (à droite) et un bloc de calcaire (à gauche).L'expérience nous a appris qu'il ne fallait pas nécessairement se fier à la densité apparente du matériel ramené en surface. Deux cas concrets :
_ en 1998, un labour forestier réalisé au sud-est de la commune de Brocas-les-Forges nous permettait de récolter une petite série de quelques dizaines d'éclats de silex sur une centaine de mètres carrés. Chose étonnante, des chutes de burins, artéfacts caractéristiques du Paléolithique Supérieur, faisaient parties du lot : normalement, dans les conditions particulières de la géologie de la Grande Lande, un épandage éolien de plusieurs mètres d'épaisseur masque les niveaux de cette période. Dans le doute, une opération de fouille fut montée. Résultat : un campement de chasseurs du Badegoulien (première phase du Magdalénien : grosso modo, à peu près l'époque de Lascaux), avec un foyer, des boulettes d'ocre rouge/rose et surtout plus de 30 000 produits de débitage, dont de nombreux burins et raclettes, des grattoirs, des lames (plus de renseignements sur la page Découvertes par périodes).
_ en 2006, un labour forestier sur la commune d'Arue ramenait en surface deux tessons de céramique protohistorique au même endroit. Aucun autre indice important n'était alors repéré dans la parcelle. Doute ou intuition, peu importante, un sondage fut par la suite réalisé : les restes d'un habitat du Bronze ancien gisait à une trentaine de centimètres de profondeur; pas moins de 2000 tessons furent relevés, ainsi qu'un dépôt de glands grillés!
Dessus :
Concentration de tessons de céramique antique (sigillées, céramique commune tournée et non tournée de tradition locale)...Dessous :
...et le dépotoir caché juste en dessous : probable vidange d'un habitat temporaire en relation avec la production de poix développée dans cette zone au Haut Empire.
- Être présent sur tous les terrains.
La surveillance d'une zone peut être complétée par la surveillance d'autres types de terrains.
Les ruisseaux peu profonds, par exemple, constituent une alternative intéressante à l'enfouissement des vestiges en zone forestière : quelques ruisseaux peuvent emporter par érosion naturelle et effet de pente, des objets relativement bien conservés, voire des vases entiers (c'est rare). Seule condition : que le ruisseau passe en bordure ou au milieu d'un site archéologique. Les berges sont à observer attentivement afin de localiser précisément l'origine des artéfacts, c'est-à-dire le site lui-même.
Les arbres déracinés sont également à surveiller : les racines de pins soulèvent une grande quantité de terre pouvant entraîner vers la surface des objets, silex ou tessons de céramique.
Plus généralement, toute surface de terre retournée peut présenter un intérêt dans le repérage de site : travaux de décapage du sol avant la construction d'une maison, curage de fossés, jardins...voire les taupinières et les cimetières !
Tant que la forêt demeure, aucun moyen de savoir si ce tertre est une motte féodale. Quelque part au sud de Vert.